Soudain les deux jeunes filles entendent, en dessous d’elles, le bruit d’une bagarre, des meubles déplacés, des voix, puis un cri terrible. Raymonde et Suzanne descendent l’escalier vers le salon, mais elles s’arrètent tout à coup. Elies sont devant un homme qu’elles ne connaissent pas. L’homme les regarde longuement. Puis, avec beaucoup de calme, il prend sa casquette, range les choses autour de lui, s’approche du balcon, salue les jeunes filles et disparaìt.
Suzanne court vers la chambre de son pére. Elle ouvre la porte et découvre deux corps par terre. Suzanne est affolée3, elle se penche vers son pére :
— Pére !... pére !... Qu’est-ce que tu as ?
Le comte de Gesvres répond avec une voix faible :
— Ne ^inquiète pas... Qa va. Et Daval ? Il est vivant ? Le couteau ?...
Raymonde se précipite vers l’autre corps. C’est Jean Daval, rhomme de confiance4 du comte. Son visage est blanc : il est mort.
Raymonde a toujours été plus courageuse que sa cousine. Elle se relève, elle prend un fusil dans le salon et va sur le balcon. Elle voit un troisième homme tout près de l’ancien monastère5. Elle vise6 et tire un coup de feu*. L’homme tombe.
— Il est mort ! s’exclame l’un des domestiques7.
— Non, il est encore vivant. Il se relève. Victor, prenez l’escalier et allez jusqu’à la petite porte. Il ne doit pas s’enfuir.